Sage-femme, un métier essentiel dans la vie d’une femme, d’un couple, d’un enfant

Cheyenne est sage-femme à la maternité de la clinique Bohler des Hôpitaux Robert Schuman. Présente de nuit ou en journée, elle a travaillé en salle d’accouchement dans un premier temps, et s’occupe actuellement des femmes après accouchement.

Comment se déroulent vos journées en tant que sage-femme ?

Cheyenne : Ça diffère en fonction du poste parce que je travaille sur tous les postes1 : le matin, l’après-midi et la nuit. C’est trois « quotidiens » différents. Pour tous les postes, on commence toujours par prendre le rapport de l’équipe qui travaillait juste avant nous ; pendant ½ heure, l’équipe précédente nous raconte ce qui s’est passé pendant leur poste. Le matin, de 6h30 à 14h30, on va plutôt faire les soins. Après la transmission, on prend notre matériel, notre ordinateur, les dossiers des patientes et on passe dans les chambres. On commence toujours par prendre les paramètres des femmes dans leur chambre. On regarde si tout va bien, si les bébés vont bien. On fait aussi les bains des bébés avec leurs parents. Une des choses les plus importantes en maternité, c’est de vérifier que l’allaitement se passe bien, si les femmes ont besoin d’aide pour allaiter. Le gynécologue passe ainsi que les autres personnels de notre équipe pluridisciplinaire comme le psychologue, le kiné, l’assistante social pour apporter d’éventuels soins aux femmes après leur accouchement.

L’après-midi, notre poste commence à 13h45 et se termine à 21h45, on se focalise souvent sur l’allaitement. Et pour les femmes qui sont sur le point de rentrer à la maison, on leur donne les « renseignements de sortie » c’est-à-dire certaines explications comme les choses sur lesquelles il faut faire attention pour les prochains jours, les étapes de suivi de la maman et de l’enfant.

Pendant les nuits, je travaille de 21h à 7h, les femmes dorment généralement mais on passe tout de même dans les chambres pour voir si tout va bien. Et comme les pleurs des bébés sont plutôt la nuit, on reste avec les mamans pour les aider à calmer l’enfant.

Assurer les trois postes vous convient ?

Cheyenne : Pour moi, ça me convient très bien. Je ne m’imagine pas travailler sur des horaires de bureau. Nous recevons notre planning du mois avec une répartition de notre temps de travail suffisamment à l’avance pour nous organiser. Ce temps peut être déployé sur trois matins puis deux après-midis puis quatre nuits, par exemple, et à chaque fois, nous avons une journée de repos entre chaque changement de poste. Les postes en journée ont une durée de 8 heures, ceux de nuit 10h. Mais ça peut être différent dans d’autres établissements.

Quand j’ai fait mes études, j’avais aussi fait des stages en horaire « normal », de 8h à 16h, comme au CHL à la polyclinique. Mais je préfère travailler sur les différents postes. Je trouve que c’est plus pratique pour mon organisation personnelle. Non seulement on évite les embouteillages matins et soirs. Mais bon, ceci dépend aussi du lieu où nous habitons… Et en plus, ça me permet d’avoir parfois trois à quatre jours de libre en semaine pour faire mes courses ou prendre mes rendez-vous personnels. Et nos moments de repos ne se limitent pas qu’au weekend, comme pour d’autres professions à horaire « normal », mais sont aussi en semaine. Bien sûr, nous travaillons la nuit, les weekends et même les jours fériés, mais ce sont aussi des moments qui sont mieux rémunérés que les postes de jour.

L’accouchement, c’est un moment très intime, un moment pendant lequel on apporte notre soutien au couple. C’est un moment rare pour beaucoup de gens, ceux qui ne travaillent pas en maternité. Et pour moi, c’est un honneur de voir un couple vivre la naissance de leur enfant et même de vivre ce moment.

Quand vous étiez adolescente, est-ce que vous vous imaginiez sage-femme ?

Cheyenne : Quand j’étais plus jeune, je voulais travailler dans le milieu social, aider les gens. Je voulais plutôt faire éducatrice mais j’ai changé d’avis pendant les 2 semaines de stage d’observation en 10e. J’ai fait ce stage à la maternité du CHdN à Ettelbruck et c’est là où j’ai été attirée par le métier de sage-femme. Ce stage m’a vraiment plu et j’ai senti que ça pouvait vraiment devenir mon métier.

Et ça vous plait toujours ?

Cheyenne : Oui. J’exerce depuis un an. Quand j’ai commencé, j’ai travaillé presque 5 mois en salle d’accouchement puis je suis passée en maternité car l’équipe avait besoin de renfort. J’ai une préférence pour le travail en salle d’accouchement, tout simplement parce que j’aime cet aspect du métier, d’assister à ce moment spécial. L’accouchement, c’est un moment très intime, un moment pendant lequel on apporte notre soutien au couple. C’est un moment rare pour beaucoup de gens, ceux qui ne travaillent pas en maternité. Et pour moi, c’est un honneur de voir un couple vivre la naissance de leur enfant et même de vivre ce moment. On est là dans des moments très spéciaux aussi ; lorsque la maman tient son bébé dans ses bras pour la première fois, par exemple. Cela dit, j’aime aussi travailler « en postpartum », c’est-à-dire les moments et les jours qui suivent la naissance ; c’est une période pendant laquelle on accompagne les parents et leur nouveau-né, on est présent et à leur écoute pour les aider avec leur bébé. Et c’est toujours agréable de les voir rentrer chez eux, prêts et avec plus d’assurance.

Pendant les jours qui suivent une naissance à la maternité, on accompagne les parents et leur nouveau-né, on est présent et à leur écoute pour les aider avec leur bébé. Et c’est toujours agréable de les voir rentrer chez eux, prêts et avec plus d’assurance. 

Lorsque vous êtes en salle d’accouchement, quel est votre rôle ?

Cheyenne : Le rôle de la sage-femme est d’être là pour la femme qui est sur le point d’accoucher, de l’accompagner et de l’aider à mieux gérer les douleurs. Nous les aidons à rendre le processus d’accouchement aussi agréable que possible. Nous surveillons tous les paramètres pour nous assurer que tout va bien : les battements de cœur de l’enfant à naître et bien sûr l’état clinique de la future mère. Nous assistons également à la pose de la péridurale. Et bien sûr, en tant que sage-femme, on est amené à effectuer les manœuvres d’accouchement. Le gynécologue est présent. Il intervient en cas de complications. Et là encore, la sage-femme l’assiste toujours.

Quelle est la dynamique de votre équipe ?

Cheyenne : On travaille en équipe pluridisciplinaire où chacun occupe un rôle bien déterminé. Sans trop entrer dans les détails, la sage-femme s’occupe de tout ce qui est physiologique et dès qu’il y a une complication ou une pathologie, le gynécologue intervient. C’est la raison pour laquelle notre rôle est si important ; la sage-femme est la première à détecter une éventuelle complication et à contacter le gynécologue. Et puis, à notre étage, on travaille aussi avec les infirmières, les infirmières pédiatriques, les aides-soignantes, les étudiants qui sont en stage mais aussi les femmes de ménages. Et bien sûr, en plus du gynécologue, on travaille avec les pédiatres, les anesthésistes, les psychologues ou les psychiatres, les kinésithérapeutes et les assistantes sociales.

Quel est votre lien avec le service néonatologie ?

Cheyenne : Nous sommes amenés à contacter le service néonatologie lors d’une naissance prématurée ou quand l’enfant né avec des complications ou une malformation non détectée pendant la grossesse ou même s’il y a des soucis de santé après la naissance comme des problèmes de glycémie ou à cause de signes d’infections par exemple. Le nouveau-né est alors pris en charge dans ce service et nous restons toujours en contact avec les infirmières pédiatriques.

La sage-femme est la première à détecter une éventuelle complication et à contacter le gynécologue. 

Est-ce que vous avez un moment qui vous a marqué pendant votre première année en tant que sage-femme ?

Cheyenne : Lorsque je travaillais en salle d’accouchement, j’ai le souvenir d’une femme qui était en travail pour son deuxième accouchement. Je suis restée tout le temps à ses côtés pendant ses contractions puis elle a accouché avec moi. Elle m’a fait savoir ensuite que son premier accouchement avait été difficile, qu’elle n’en avait pas gardé un bon souvenir et qu’elle était vraiment heureuse d’avoir eu un si beau moment pour son deuxième. Après sa sortie de la maternité, elle m’a envoyé une carte pour me remercier de lui avoir montrer un accouchement sous un angle positif. Elle est parfois venue me voir à l’hôpital. Ce geste m’a marqué et m’a vraiment fait plaisir.

On peut aussi avoir des moments difficiles, même si nos équipes peuvent intervenir rapidement et que la situation se termine souvent très bien. Ces moments marquants sont liés à des urgences, parce qu’il y en a parfois dans la maternité. Ce sont des situations pour lesquelles toute l’équipe est mobilisée pour intervenir rapidement et prendre en charge la maman ou le nouveau-né. En tant que sage-femme, notre rôle est avant tout de reconnaître l’urgence, d’appeler nos collègues pour gérer la situation ensemble puis de contacter les médecins comme le gynécologue et l’anesthésiste ou même le pédiatre. S’il est nécessaire de transférer la mère ou l’enfant, la destination est choisie en fonction du service ou de l’établissement où l’urgence sera prise en charge de manière optimale. Dans ce cas, nous organisons ce transfert de la mère ou de l’enfant avec les médecins.

En tant que sage-femme, notre rôle est avant tout de reconnaître une urgence, d’appeler nos collègues pour gérer la situation ensemble puis de contacter les médecins comme le gynécologue et l’anesthésiste ou même le pédiatre. 

Est-ce que vous êtes parfois amenée à faire le suivi de grossesse ?

Cheyenne : C’est effectivement l’un des rôles que peut occuper une sage-femme qui est d’ailleurs très important car c’est le moment qui prépare la maman et son conjoint au jour de la naissance et pendant lequel nous nous assurons du bon déroulement de la grossesse, de la bonne santé de la mère et de l’enfant. Mais pour ma part, je travaille uniquement avec les femmes qui accouchent et leur prise en charge postnatale. Quand j’aurai plus d’expérience, je me dirigerai peut-être dans l’accompagnement des femmes pendant leur grossesse. Mais pour l’instant, je préfère rester là où je suis.

Comment se sont passées vos études de sage-femme ?

Cheyenne : J’ai déjà fait 2 ans dans le cursus infirmier pendant lesquels j’ai eu des stages avec les personnes âgées hospitalisées ou en maisons de soins. J’ai tout de suite senti que ce n’était pas mon domaine. J’ai intégré le cours pour devenir sage-femme. Même si les études ne sont pas faciles, elles m’ont beaucoup apporté parce qu’on est souvent en stage. Par exemple, sur une semaine, on pouvait avoir 2 jours de cours et 3 jours de stage. Le nombre de jours de stage varie au fil des années d’études. C’est ce qui diffère du BTS infirmier où des blocs de stage s’insèrent entre les cours ; 6 semaines d’école puis 6 semaines de stage, par exemple. Nous, pendant les études de sage-femme, on est toujours sur le terrain ; c’était bien d’être toujours en contact avec l’équipe et les personnes de l’hôpital. On a continuellement appris de nouvelles choses sur la pratique.

Le métier de sage-femme permet d’aider et d’accompagner de nombreux couples dans une nouvelle situation de vie. 

Avez-vous un message à transmettre aux personnes qui envisageraient de s’engager dans le cursus pour devenir sage-femme ?

Cheyenne : Oui. À ceux qui souhaitent devenir sage-femme, il est très important de s’accrocher pendant les études et de ne pas baisser les bras. C’est un métier passionnant que j’affectionne particulièrement parce qu’il permet d’aider et d’accompagner de nombreux couples dans une nouvelle situation de vie. On peut développer un lien particulier avec les parents, les accompagner dans ces moments singuliers, souvent très beaux de la grossesse, de la naissance et des premiers jours avec leur bébé et bien sûr, même lorsque des complications se présentent. Dans notre métier, l’établissement d’une relation de confiance est indispensable, il est donc nécessaire d’avoir confiance en soi, chose que l’on acquiert grâce à notre formation mais aussi au travail en équipe. On est aussi touchée quand on se rend compte que les nouveaux parents nous font confiance et peuvent s’ouvrir à nous. C’est bien sûr un métier avec beaucoup de responsabilités. Mais finalement, pour moi, ce n’est pas seulement un métier, c’est une grande passion.